Avoir des Plans de Continuités pour améliorer la Résilience des institutions haïtiennes est un enjeu stratégique de SECURITE PUBLIQUE qui interpelle tous les acteurs responsables de la bonne conduite des affaires du Pays, en particulier, le Gouvernement, le secteur des Affaires, et les Services Publiques.
Les ouragans et inondations de l’été 2008 qui ont paralysé le pays, et le tremblement de terre dévastateur du 12 janvier 2010 nous rappellent que l’Amérique du Nord et en grande partie, les Caraïbes, est la zone du globe la plus touchée par les catastrophes : c’est en effet là qu’ont été enregistrés les trois quarts de tous les dommages causés par de grandes catastrophes naturelles (Munich Regroup, 2008). Dans un tel contexte, les entreprises et organisations des secteurs publics et privés, en Haïti, doivent affronter des risques qui menacent sans cesse leur pérennité. Toutes les organisations sont vulnérables face à des sinistres qui peuvent brutalement provoquer l’interruption, partielle ou totale, de leurs activités. Il est important d’ajouter que les risques d’interruptions des activités augmentent chaque jour en raison des dépendances et des vulnérabilités, de plus en plus importantes, des organisations envers les technologies de l’information et de la communication.
Les impacts du tremblement de terre du 12 janvier 2010, sur la vie politique, économique et sociale du pays sont trop nombreux pour être énoncés ici, ils ont mis à découvert nos manquements graves en termes de Gestion de Risque et de Crise. Cette catastrophe humanitaire nous a démontré la nécessité vitale de:
– Développer une démarche et une culture qui visent à réduire et à maîtriser les risques, et
– D’autre part, d’avoir des Plans de Continuité du Gouvernement et des Activités, afin de s’assurer que le Gouvernement et les secteurs vitaux de la société, prennent les mesures adéquates pour protéger les vies humaines, les systèmes de production de biens et de services, et ont des stratégies alternatives d’opération durant et après des évènements perturbateurs.
Nous avons en place un Système National de Gestion de Risques et des Désastres (SNGRD), mis en place pour le Gouvernement depuis 2001 au sein duquel, la Direction de la Protection Civile (DPC) a eu à jouer un rôle de coordination lors du dernier séisme. L’Alliance pour la Gestion des Risques et la Continuité des Activités (AGERCA) est la seule institution de la société civile appuyant la DPC à travers un travail louable de sensibilisation et de diffusion des aléas menaçant notre pays. Cet évènement tragique nous interpelle à agir pour renforcer ces institutions et à mettre en application de façon urgente les propositions ci-haut mentionnées.
La gestion de la Continuité des Activités
Ce domaine relativement récent de Gestion, est communément appelé aussi, “la gestion de la continuité des opérations”, « continuité des affaires » ou « continuité opérationnelle ». Comme il n’existe pas de définition universelle, nous avons retenus certaines définitions, celle du gouvernement canadien et celles des associations de normalisation car ils ont pour rôle de standardiser et d’orienter les pratiques.
– Au niveau politique, le gouvernement canadien définit la continuité des activités comme «l’ensemble des activités ou des actions entreprises pour assurer la prestation des services ou des produits essentiels lors d’une interruption » (Gouvernement Canada, 2007).
– Au niveau normatif: “Processus continu approuvé par la haute direction et financé de façon que les mesures nécessaires soient prises pour déterminer les effets des pertes possibles, maintenir les stratégies et les plans de rétablissement viables ainsi que la continuité des services et des opérations ou la continuité des activités gouvernementales” (Association Canadienne de Normalisation [ACNOR], 2007).
«Processus de gestion holistique qui permet d’identifier les dangers potentiels qui peuvent menacer l’organisation et de créer une structure qui permet d’être résistante à ces attaques » (British Standards Institution [BSI], 2006)
– Au niveau professionnel, la compagnie IBM qui est l’une des pionnières et des Leaders en système de sécurité informatique, caractérise la continuité des activités Comme étant : « Une démarche de pérennité de l’entreprise qui consiste à mettre en place, à tous les niveaux, des procédures visant à assurer le fonctionnement de ses activités et la disponibilité des ressources indispensables au déroulement des activités » (IBM, 2008).
Alors que la gestion des risques tend à être préemptive, i.e.: empêcher, prévenir un incident, un système de Gestion de Continuité des Activités (GCA) est mis en place pour gérer les conséquences de la réalisation des risques. La nécessité d’avoir des plans de continuité des activités part du principe que même les incidents les peu probables arriveront si on leur donne assez de temps pour se matérialiser. La GCA anticipe, en évaluant les risques des activités vitales et analysant de façon les impacts sur les activités critiques. La GCA en tenant compte de la notion de Temps, à savoir les délais tolérables d’interruption, détermine les ressources et les plans à mettre en place pour la reprise des activités y compris la mise en place de cellule de crise pour répondre à tout incident perturbateur ou interruption qui porte atteinte à la pérennité d’une organisation.
Pourquoi développer des Plans de Continuité des Activités?
Ce n’est pas seulement pour assurer les activités vitales d’une organisation lors d’une urgence et en cas d’inaccessibilité de l’environnement de travail habituel, cela fait partie d’une bonne pratique de gestion d’affaires. Parce que seules, les primes d’assurance versées aussi significatives soient-elles ne garantissent pas la continuité des activités. Pour protéger l’organisation de toute interruption ou incident qui peut être fatale: produits ou services, son image de marque, la perte de personnel clé, etc… La Gestion de Continuité des activités convient particulièrement aux entreprises opérant dans des environnements à haut risque tels que la finance, les télécommunications, le transport et le secteur public où la capacité à garantir la continuité des activités est fondamentale pour l’entité elle-même, mais également ses clients et ses partenaires.
Après les catastrophes de 2008 & 2010, et leurs impacts dévastateurs sur la vie sociale, économique et politique de notre cher pays, il est vitale et urgent que la Gestion des Risques et la Gestion de Continuité des Activités fassent parties intégrantes du processus de reconstruction et des programmes de refondation des opérations de nos institutions publiques et privées quel que soit leur envergure et leur secteur d’activité.
William Brandt, ING, CBCI.
Consultant. Certifié par le BCI (Business Continuity Institute).
Country Director-Haïti BDA Global (www.bdaglobal.com)