LA SOFIHDES FÊTERA BIENTÔT SES 30 ANS.

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thierryDurant le mois de mars, l’une des plus actives institutions financière du pays va commémorer ses 30 ans d’existence. Il s’agit de la SOFIHDES qui a su développer, durant son parcours, une expertise pour s’adapter aux variations du contexte socio-économique national ainsi qu’une écoute particulière pour répondre aux besoins divers de sa clientèle. Deux traits de sa culture d’entreprise lui permettant de s’affirmer en tant que « Le Partenaire des entreprises intelligentes ». En vue de ce prochain anniversaire, Parlons Affaires à conduit une interview avec M. Thony Moïse, Directeur Général de la SOFIHDES, qui s’est fait un plaisir de répondre à nos questions.

 Question 1 : Voilà que la SOFIHDES va bientôt fêter ses 30 ans, en mars. Comment a été le parcours jusque là ?

SOFIHDES, créée en 1983 avec les apports du Caribbean Basin Initiative, de l’USAID et du secteur privé haïtien, avait pour mission de fournir du crédit aux PMEs avec des conditions qui n’étaient pas offertes par les banques. Je fais ici référence aux calendriers de remboursement adaptés, à des produits de crédit pour les entreprises manufacturières et les industries agricoles. En effet, l’idée était d’améliorer l’accès au financement pour les petites et moyennes entreprises haïtiennes et d’offrir une alternative au système bancaire qui ne montrait pas d’intérêt pour ce secteur de l’économie.

Il faut comprendre que le défi était de taille. Aussi, le Management de la SOFIHDES avec le plein support du Conseil d’Administration se sont attelés à rechercher d’autres partenaires lui permettant d’atteindre ses objectifs dans les meilleures conditions.  C’est ainsi qu’en 1995, puis 1998, la SOFIHDES a obtenu deux prêts de la Banque Européenne d’Investissement (BEI), d’un montant de 4 millions d’écus chacun. Cette collaboration venait à juste titre renforcer notre capacité financière.

Au fil des ans, l’environnement économique de la SOFIHDES connaissait de nombreux changements. Les secteurs productifs, notamment l’industrie textile, faisaient face à des contraintes majeures et les opportunités d’affaires pour la SOFIHDES de moins en moins intéressantes. Dans le même temps, l’institution se devait de continuer à grandir pour maintenir sa pérennité et sa rentabilité.  C’est ainsi que nous avons pris la décision stratégique de, non seulement, offrir nos services aux entreprises des secteurs productifs, mais à l’ensemble des PMEs de l’économie nationale, incluant les secteurs commerciaux, les entreprises de services, etc.

Avec cette ouverture à d’autres secteurs d’activités, nos besoins financiers ont naturellement augmenté.  Nous devions, donc, mettre en place d’autres stratégies pour capter de nouvelles ressources financières pour supporter les nouvelles demandes.  C’est ainsi que nous avons commencé à émettre les obligations SOFIHDES.  La vente d’obligations et le développement de nouveaux produits devenaient pour la SOFIHDES des démarches constantes.

Ces actions nous permettaient d’exercer notre métier principal, le financement d’entreprises. Cependant, notre engagement et notre compréhension de la réalité des PMEs nous ont amenés à offrir des services non financiers. Aussi, avons-nous créé, au fil des ans, deux autres départements.

  • SOFIDATA / SOFICONSEILS (1986)
  • SOFITRAINING (2009)

Pendant les trente dernières années, la SOFIHDES s’est positionnée comme le spécialiste de la PME et a su offrir à sa clientèle des services financiers et non financiers adaptés.

Jusque là, nous pouvons affirmer que le parcours a été satisfaisant. En effet, nous avons œuvré au développement et à la création de plusieurs entreprises qui, aujourd’hui, représentent des acteurs importants dans leurs secteurs d’activités respectifs.

La satisfaction provient aussi du fait que nous ayons, durant ces dernières années, construit une organisation qui se veut être pérenne, dynamique et pratiquant une bonne gouvernance.

Question 2 : Quelle évolution la SOFIHDES a subie au cours des ans ? (à la fois dans son capital, sa structure et son personnel ?

A nos débuts, nous avions un capital social de Gdes 7, 500,000.00, composé de 15.000 actions à une valeur faciale de Gdes 500.00/action. Notre effectif de départ était assez réduit (6 ou 7).

Aujourd’hui, la SOFIHDES détient un capital social de Gdes 52, 500,000.00 et des fonds propres de plus de Gdes 188 millions, représentant une valeur comptable de plus de Gdes 12,500.00/action. Ceci représente 25 fois la valeur de l’action initiale, sans compter les dividendes reçus par les investisseurs. Nous avons un effectif de 32 employés répartis dans deux centres d’opérations : le siège social sur la route de l’Aéroport et le centre de formation à Pétion-Ville. Comparée à d’autres institutions financières, nous pouvons dire que la SOFIHDES demeure une entreprise à taille humaine.

Au niveau de la structure, comme je l’ai précisé tantôt, elle a subi certains changements au fil des ans. Nous n’avions en 1983 que la Direction Générale, une section de crédit et l’administration. Aujourd’hui, ces départements ont été renforcés et nous avons mis sur pied un département conseils, un département de marketing et de la Qualité et un département de formation.

Le Département Conseils a vu le jour parce que nous avions constaté des faiblesses managériales notoires chez les entreprises clientes.

Tandis que le Département du marketing et de la Qualité ainsi que celui de la formation ont été envisagés, suite à une réflexion stratégique tenue entre les membres du Conseil d’Administration et le Management en 2008. Réflexion qui nous amenait à comprendre qu’une approche plus agressive de la SOFIHDES devenait une exigence et que le renforcement des ressources humaines des PMEs pouvait favoriser une meilleure gouvernance de nos clients cibles. 

Je voudrais ici, rendre un hommage bien mérité à mon prédécesseur, feue Michèle César Jumelle, principal artisan de SOFITRAINING, notre Centre de formation.

Question 3 : De quelle manière la SOFIHDES prévoit-elle  fêter ses 30 ans ?

Nous souhaitons fêter nos 30 ans en permettant à un plus grand nombre d’entreprises de bénéficier de nos services.  En réalité, nous envisageons une meilleure visibilité de nos produits et services tout en travaillant à l’augmentation de notre notoriété.

Les agents économiques verront donc une SOFIHDES plus agressive et innovante.

Des conférences- débats sont prévues, des promotions particulières également.

Nous voulons aussi, pendant cette année de célébration, rendre hommage à Monsieur Charles Plaisimond et à Madame Michèle César Jumelle qui ont marqué la vie de la SOFIHDES et qui continuent d’inspirer toute une génération d’entrepreneurs en instituant deux prix dès le début de l’année 2013 :

Le prix de l’excellence Charles Plaisimond

Le prix Michèle César Jumelle de la femme professionnelle /entrepreneure de l’année.

Permettez-moi de ne pas tout dévoiler.  Nous prévoyons un ensemble de bonnes surprises pour notre clientèle et notre clientèle cible durant toute l’année.

Question 4 : Le tremblement de terre de janvier 2010 a affecté toutes les couches économiques confondues de la population haïtienne, les individuels comme les entreprises. Comment la SOFIHDES a-t-elle vécu cet événement ?

C’était un événement très dur et nous l’avons vécu avec beaucoup de tristesse mais aussi avec beaucoup d’anxiété.

En effet, chaque membre de notre Conseil d’administration, de la Direction Générale, du Management ou du staff, avait perdu un parent ou un ami proche.  L’institution elle-même a perdu un membre de son staff, sur le site de l’Université où elle suivait des cours. Nous en profitons pour saluer la mémoire de Gessy Marie Fania Hyppolite, employée modèle à Sofitraining.

Vous comprendrez donc que l’équipe avait, certainement, pris un coup terrible à l’instar de l’ensemble de la population haïtienne.  Toutefois, nous n’avions pas pris du temps à reprendre nos activités.  Une semaine et demie après le séisme, l’équipe SOFIHDES était mobilisée.  C’était une bonne chose. C’était comme une thérapie car les esprits étaient occupés à réfléchir sur des stratégies qui devaient permettre à l’organisation de faire face à ce grand défi.

Côté affaires, il fallait être prudent.  En effet, plusieurs de nos clients étaient affectés.  Ceci a amené le management et le Conseil à réviser les objectifs budgétaires de l’exercice.  Mais paradoxalement, notre équipe a su réagir avec une efficacité exceptionnelle en mettant en œuvre des stratégies les plus innovantes que les autres.  Nous avions dépassé les objectifs budgétaires révisés et quasiment atteint ceux initialement approuvés par notre Conseil d’administration.

Question 5 : Beaucoup d’analystes plaident pour une ouverture du crédit en Haïti, rappelant que le capital destiné aux investissements n’est pas suffisamment accordé aux demandeurs de fonds.  Quelle est la politique de crédit de la SOFIHDES en ce sens ?

Effectivement beaucoup d’analystes abondent dans ce sens. Et je pense que c’est tout à fait légitime. Toutefois, l’amélioration de l’accès au crédit dépend de deux grands facteurs à mon sens:

  • L’amélioration du cadre des affaires ;
  • L’éducation des propriétaires de PMEs, souvent des techniciens qui, aujourd’hui, doivent comprendre que solliciter du crédit demande qu’une entreprise fasse preuve de transparence et de bonne gouvernance.  On oublie souvent que le mot « crédit » vient du latin « creditum », participe passé du verbe « credere » qui signifie « croire ».  Donc il est important d’établir avec un créancier un rapport de confiance.

A la SOFIHDES, nous pensons que pallier les faiblesses managériales, de transparence et de gouvernance des PMEs, passe par la formation de leurs propriétaires et de leurs staffs.   Et c’est bien dans cette optique que nous avons créé, le Centre de Formation Continue en Gestion de la SOFIHDES, SOFITRAINING, sis au # 12 de la rue Borno à Pétion-Ville.

 Maintenant, pour répondre directement à la question du financement, je vous dirais que la SOFIHDES finance tous projets qui se veulent être économiquement viables et portés par des entrepreneurs compétents et avisés.

Question 6 : Combien de clients et de partenaires la SOFIHDES compte-t-elle et qui sont-ils ?

En terme de clients, nous  avons aujourd’hui près de 160.

Nos partenaires, nous en avons plusieurs !

Au niveau international, nous transigeons avec :

  • La Banque Européenne d’Investissement avec qui nous venons de signer, en 2011, une troisième convention de prêt, associée à un important programme d’assistance technique pour renforcer l’institution.  Ce qui traduit près de vingt (20) ans de collaboration.
  • L’USAID, notre premier partenaire, a favorisé en 1983, la création de la SOFIHDES. Aujourd’hui, nous détenons plusieurs accords de partenariat avec cet organisme, que ce soit en garantie de portefeuille à travers le DCA (Development Credit Authority), que ce soit en assistance technique, à travers ses différents projets, pour nous permettre de renforcer nos capacités.
  • La Société Financière Internationale (IFC), avec qui nous commercialisons depuis 2009, en Haïti, le programme de formation BUSINESS EDGE.
  • Le Centre de Développement des Entreprises (CDE) de l’union Européenne qui nous permet, à travers un programme dénommé SAFFC, d’assister techniquement nos clients.
  • Le Fond Clinton-Bush pour Haïti (CBHF) avec qui nous avons signé deux (2) conventions de prêt et un accord d’assistance technique.
  • La Banque Caribéenne de Développement (CDB), collaborant avec notre Centre de formation, SOFITRAINING, pour la délivrance de plusieurs formations.  Nous servons aussi de pont à ladite organisation pour promouvoir, en Haïti, un programme dénommé Carribean Technical Consultancy Services (CTCS)
  • Nous sommes en train de finaliser avec l’OPIC (Overseas Private Investment Corporation), à travers une organisation internationale dénommée DIG (Development Innovations Group), un partenariat qui nous permettra de mieux supporter les projets ayant un volet lié à la construction/reconstruction ou à l’aménagement.  Ceci rentre dans le cadre de nos efforts pour participer au processus de reconstruction post-séisme.

Au niveau local :

A part le Fonds de Développement Industriel (FDI) avec lequel, nous avions toujours eu de cordiales relations lorsqu’il s’agit de financer conjointement des projets, plusieurs banques commerciales peuvent-être aussi considérées comme partenaires. Je veux parler de la SOGEBANK, plus grand actionnaire de la SOFIHDES avec 10 % du capital et un de nos plus grands obligataires et bailleurs de fonds;  de la Capital Bank et de la Banque Populaire Haïtienne (BPH), qui nous offrent des lignes de crédit nous permettant de financer avec plus de rapidité nos opérations.

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