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L’histoire de la E-power en réponse au Nouvelliste et à son éditorial du 23 Août 2013.

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Nous avons lu l’éditorial de M. Duval intitulé : « nouvelle bataille perdue à l’EDH » et nous en avons pris note.  Frantz Duval ne néglige pas de faire un amalgame pernicieux, en mettant tout le monde dans le même panier, sans faire la moindre distinction, sans prendre le recul nécessaire pour réévaluer le chemin parcouru.  Nous aurions été tentés de laisser passer les demi-vérités qu’il a écrites, mais nous ne rendrions service ni à l’opinion publique, ni aux générations à venir.

Duval écrit : «Des années que l’EDH engraisse des compagnies privées qui ne prennent aucun risque…  Des années que de nouveaux rapaces, petits et grands, s’agglutinent autour du lit de mort de l’entreprise pour en tirer un dernier repas…»  A-t-il raison ?

Peu importe pour M. Duval qu’E-Power soit de loin, de très loin, le producteur privé le moins cher du territoire.  Peu importe pour lui que les chiffres publiés par la Direction Générale de l’EDH elle-même, lors du Symposium sur l’Energie organisé par l’EDH et le Gouvernement haïtien en Septembre 2012, montrent qu’E-Power produit un courant moins cher que les propres centrales thermiques de l’EDH.  Peu importe pour lui que certains des actionnaires d’E-Power ont dû hypothéquer leur maison, que d’autres les ont vendues, que d’autres encore ont dû puiser sur leur fonds de pension pour investir dans le projet et récupérer leur argent sur 15 ans.  Cela pour lui ne relève pas du risque.

EDH a certes des problèmes qui relèvent d’un coût de production beaucoup trop élevé (E-Power produit à $0.237 par kWh, mais EDH dit payer à d’autres fournisseurs jusqu’à $0.39 par kWh), d’un service commercial désarticulé (EDH dit ne collecter que 18% de ce qu’elle vend en notant qu’elle paie jusqu’à $0.39 une électricité qu’elle revend entre $0.32 et $0.35) et d’un système de distribution désuet.

En 2006, l’Etat haïtien de son propre gré, décidait de s’attaquer au coût de la production électrique et lançait un appel d’offres international en ce sens.  7 firmes locales et internationales en retiraient le dossier.  E-Power y participait en toute transparence, était déclarée adjudicataire et 30 des 200MW de demande de la zone urbaine de Port-au-Prince lui ont été confiés.  Aucun montant de notre investissement n’a été couvert par l’Etat. Toute l’infrastructure d’E-Power a été construite « from scratch », toute !

L’équation pour nous est simple : L’Etat haïtien et EDH ont lancé un appel d’offres international.  Nous y avons participé, nous l’avons gagné et aujourd’hui nous vendons à l’EDH, aux prix actuels du pétrole, une électricité à $0.237/kWh qu’elle revend entre $0.32 et $0.35/kWh.

Pour votre édification, chaque centime par kWh d’une production de 30 mW vaut  $2,628,000 par an  ($0.01 X 24 heures X 365 jours X 30mW X 1000).  Permettre à E-Power d’éteindre son usine en la remplaçant par une production à $0.39 coûte $40,208,400 de plus par an ou $3,350,700 de plus par mois à l’État.

Nous avons fait notre travail de bonne foi et dans le plus strict respect de nos engagements face à la Nation en général et face à EDH en particulier.  Nos états financiers audités sont soumis régulièrement aux autorités du pays.  Nos contrats ont été dûment approuvés par la Commission Nationale des Marchés Publics, enregistrés comme engagement de l’Etat haïtien à la Cour Supérieure des Comptes et publiés, afin que nul n’en ignore, sur le site de la Société Financière Internationale.

Selon Monsieur Duval, E-Power fait partie de rapaces ? Est-ce vrai ?  Qui sommes-nous ?  Par où sommes-nous passés pour arriver là ?  Pour l’histoire, nous implorons votre indulgence de lecteur et allons vous raconter l’histoire de cet investissement.

E-Power originellement était composée de 52 investisseurs haïtiens qui en 2004 ont décidé qu’ils en avaient assez et qu’il était grand temps qu’Haïti soit dotée d’infrastructure électrique moderne et efficiente.  Aujourd’hui, 98 investisseurs haïtiens et haïtiano-américains,  un investisseur Coréen et une compagnie Coréenne de production d’électricité se sont mis ensemble pour construire une usine électrique de classe mondiale.

En 2006, après 2 ans d’un plaidoyer intense, le gouvernement haïtien lançait un appel d’offres international pour la production d’électricité à base de mazout.   A l’époque, les producteurs locaux d’électricité faisaient payer à l’Etat un prix deux fois plus cher que ceux chargés par les producteurs dominicains à l’Etat Dominicain.

Nous étions une entreprise verte et tout à fait inexpérimentée dans la construction et la gestion d’usine électrique.  Nous avons alors entrepris de voyager à travers le monde à la recherche du bon partenaire.   Nous avons interviewé une demi-douzaine de candidats et sommes finalement retournés sur nos pas pour nous arrêter sur Basic Energy, la plus grande compagnie de production d’électricité de la République Dominicaine.  Le 6 Octobre 2006, nous signions un protocole d’accord avec Basic pour participer ensemble à cet appel d’offres.

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