Mon patron me harcèle, que dois-je faire ?
En ce moment, à travers le monde, des hommes et des femmes se posent cette question :« Comment faut-il réagir face aux avances de mon patron, de mon superviseur ou de mon collègue ? ».
Nous passons entre 35 à 72 heures par semaine avec nos collègues. Le bureau est donc comme un second foyer où nous devons collaborer avec d’autres pour atteindre des objectifs communs. Un climat serein et respectueux est l’idéal dans le cadre du travail. Toutefois, nous n’ignorons pas certaines difficultés qui peuvent survenir, les mésententes quotidiennes par rapport au processus de réalisation de certains travaux, et encore moins les compétitions entre des collègues parfois aigris et/ou ambitieux qui cherchent à démontrer qu’ils sont supérieurs à d’autres ou qu’ils ont plus de potentiel. Des situations complexes, on en rencontre souvent sur les lieux de travail et ceci partout. Néanmoins, un autre problème plus alarmant alourdit l’atmosphère dans bien des organisations, entreprises et administrations : «le harcèlement sexuel ».
Cela se définit comme : « le fait d’imposer à une personne, de façon répétée, des propos ou comportements à connotation sexuelle qui portent atteinte à sa dignité en raison de leur caractère dégradant ou humiliant ou qui créent à son encontre une situation intimidante, hostile ou offensante ».
En d’autres termes, le harcèlement sexuel se décrit par tout comportement non désiré et à connotation sexuelle. Il se présente de différentes façons : approches physiques, verbales et non verbales. C’est un étalage de pouvoir destiné à intimider, contraindre ou abaisser un(e) subordonné (e). Il réfère a des situations dans lesquelles une ou plusieurs personnes sont soumises (en principe de manière répétée) à des propos ou pratiques visant à les réduire à leur identité sexuelle, sans pour autant que ces propos ou comportements puissent être considérés isolément comme des délits. Parfois, le harceleur fait des sollicitations de faveurs sexuelles sous peine de sanction.
Comment doit-on réagir quand on est harcelé?
Il existe plusieurs façons de se protéger du harcèlement sexuel au bureau. Mais avant tout, il faut avoir confiance en soi, ne pas paniquer et surtout ne pas baisser les bras. Aussitôt que vous avez l’intuition d’être harceler par l’un de vos collègues, le premier geste à faire c’est de vous protéger en notant à chaque fois les commentaires implicite ou explicite que celui-ci vous fait, enregistrer des conversations à chaque fois que vous le pouvez. On vous demande de rester tard au bureau, laisser marcher la bande enregistreuse de votre cellulaire de sorte à enregistrer tout ce qui se dira. Il faut collecter le maximum de preuves valides et présentables devant une cours. Lorsque votre collègue, superviseur ou employeur vous envoie des messages agressifs et/ou à connotation sexuelle, copiez des collègues de votre entreprise mais également de votre entourage immédiat (amis, conseillers, avocat, famille).
La meilleure chose pour une victime de harcèlement c’est d’en parler dans son entourage avec des proches, des collègues et même avec un avocat de manière à rendre cohérente sa démarche si le cas doit être présenté devant un juge.
Il ne faut pas avoir peur des menaces de sanctions ou de renvoie des harceleurs. Il ne faut pas se laisser prendre à ses intimidations et ses chantages. Lorsque votre collègue homme ou femme vous caresse la cuisse sous la table lors des réunions ne dites pas que ce n’est pas grave, lorsque votre superviseur vous tape sur les fesses et que votre patron s’arrange pour être seul avec vous dans les couloirs, près des toilettes et qu’il n’arrête pas de vous faire rester longtemps après l’heure du bureau ou qu’il vous fasse des avances à répétitions sous prétexte que ceci sera à votre avantage et pour une ascension dans l’échelle de la hiérarchie de votre bureau, ne tombez pas dans le piège.
Comme l’a dit la Directrice du Bureau de l’égalité entre les hommes et les femmes de l’OIT, Jane Hodges : «Le harcèlement sexuel et les autres formes de harcèlement et d’abus – physique, verbal ou psychologique – intimidations, agressions, stress lié au travail et violences touchent toutes les professions et tous les secteurs, les hommes comme les femmes». Il est important de défendre ses droits. Ne vous enfermer pas dans un coin en vous disant que : « c’est de votre faute » ou que « ce n’est pas si grave que ça » ou encore « si je le dénonce je perdrai mon job ». Car, un jour à la longue, votre harceleur ne se contentera plus de glisser une main sur votre fesse ou sous votre jupe, il passera outre les lettres, les textos et les courriels, il arrêtera les intimidations, et vous forcera à coucher avec lui/elle sans que vous le vouliez réellement ; et là nous parlons de viol.
Dans certains pays (France), il faut que les agissements se répètent au moins deux (2) fois pour porter plaintes. Dans d’autres pays, il faut que les agissements soient diversifiés et explicitent. En Haïti, selon le décret du 6 juillet 2005, le harceleur jugé coupable est passible de 6 mois à 2 ans d’emprisonnement. Dans le cas de viol il encourt jusqu’à 10 ans de travaux forcés.
Dans la société Haïtienne le principal problème est que les femmes en particulier ne dénoncent pas le harcèlement par crainte de perdre leur emploi. La cherté de la vie et la difficulté pour une jeune femme ou un jeune homme de trouver du travail les oblige parfois à céder au chantage des harceleurs/agresseurs. Nous irons même jusqu’à dire que la violence et le harcèlement au travail constituent un obstacle important à l’accès des femmes au marché du travail et au développement de leur carrière. Bien souvent nous rencontrons des cas de femmes et d’hommes qui se servent de cet état des choses comme d’un tremplin pour faire avancer leur carrière. Le harcèlement sexuel est la cause de problème socioéconomique et est préjudiciable à bien des égards.
Vous êtes plus que votre sexe, vous avez un cerveau. Soyez intelligent, prenez donc votre courage à deux mains et dites non à toutes formes d’harcèlement.