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« Faire des affaires en Haïti », au cœur des débats à BFA 2015

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Régine R. Labrousse vice-présidente de la AMCHAM | Photo: Télé Métropole

Interview spécial avec madame Régine R. Labrousse vice-présidente de la AMCHAM

 

P.A :Business Future of Americas 2015” se tiendra en Haïti cette année, à l’Hôtel Marriott, du 15 au 17 Juin prochain. Parlez-nous un peu de cette conférence. Quelle est son importance?

Mme Labrousse : « Business Future of Americas » est une conférence régionale organisée annuellement par l’Association des Chambres de Commerce Américaines d’Amérique Latine et des Caraïbes (AACCLA) ; soit 24 chambres. Nous participons à ce réseau depuis 1980. Chaque année la conférence change de pays. L’année passée c’était au Panama, avant au Guatemala… Et pour la première fois, c’est en Haïti que ça va se passer. C’est une grande chose, non seulement pour l’AMCHAM-Haïti, mais pour le pays tout entier. Tout ça a été possible grâce au lobbying du secteur privé… Maintenant, nous avons des compagnies de renommée internationale dans le pays, par exemple, le Marriott. Heineken est là. Digicel est là. Et tant d’autres grandes compagnies sont rentrées dans le pays. Quand les gens ont entendu qu’Haïti a son Marriott, ils se sont sentis plus à l’aise. Ils commencent à avoir une autre image du pays. On commence à avoir confiance en nous. L’économie commence à marcher. Alors, ils ont dit « ok ! On peut faire ça en Haïti

 

P.A : Et quelles sont les attentes du comité organisateur ? Quelles retombées espérez-vous pour le pays ?

Mme Labrousse : Bon ce qu’on veut vraiment c’est, en premier lieu, réaliser une conférence qui est intéressante pour les hommes d’affaires de la région. Et deuxièmement, stimuler plus d’investissements et de confiance dans notre marché. Une des choses qui nous bloque, c’est l’image que tout le monde a de nous. Il y a des gens qui hésitent encore à entrer dans notre pays et on veut combattre cela. On veut leur prouver que non seulement Haïti peut bien recevoir mais aussi qu’il y a des choses qui marchent ici. On veut mettre en évidence les gros investissements qui se font dans le pays, que ce soit dans le domaine touristique, dans le domaine de la construction…

L’idéal c’est qu’il y ait plus d’investissements ici, que ces investissements aient du succès et génèrent plus d’emplois. Le taux de chômage est grave dans notre pays. Il faut créer plus d’opportunités et continuer à stimuler les entreprises qui vont venir employer des personnes, pour que celles-ci puissent subvenir aux besoins de leurs familles toutes seules. Pas avec l’aide internationale, mais vraiment toutes seules. On veut tout mettre en place pour leur permettre de réaliser leurs propres rêves et aider leurs familles.

 

P.A : Le thème pour cette édition, c’est : « Les investissements  de la diaspora en Amérique latine et dans les Caraïbes». Est-ce que cela  a quelque chose à voir avec le choix d’Haïti comme pays hôte cette année, considération faite à l’importance des apports de sa diaspora à son économie ?

Mme Labrousse : Bon ! Tout cela s’est fait via les négociations. Quand toutes les 24 chambres se sont réunies, il y a deux ans de cela, pour choisir un thème, on a proposé celui-là parce que c’est très important pour nous autres en Haïti. Et tous les autres pays ont tout de suite remarqué son importance pour eux aussi.

 

P.A : Puisque le thème tourne autour des investissements de la diaspora en Amérique Latine et dans les Caraïbes, jetons un coup d’œil rapide sur ceux de la diaspora haïtienne. Comment diagnostiquez-vous son apport à l’économie du pays ? Quel est son poids réel dans la balance des investissements qui se font en Haïti depuis la dernière décennie, puisque même lorsqu’il s’agit de privatisation, on a l’impression que la priorité est donnée à l’investisseur étranger et que la plupart des investissements en Haïti, comme Marriott, Heineken, Digicel, Natcom… sont étrangers ?

Mme Labrousse : L’année passée l’AMCHAM avait organisé la première conférence de la diaspora. A travers cet évènement, on voulait établir des relations plus structurées et plus institutionnelles avec la diaspora haïtienne. A son terme, on a abouti à la signature d’un protocole d’accord entre toutes les chambres de commerce de la diaspora et AMCHAM-Haïti. Depuis un an, on travaille à renforcer cette relation. Jusqu’à présent, on sent l’intérêt de la diaspora à travers ces institutions et elles font de la promotion pour stimuler leurs membres. C’est très positif et on compte avoir de nombreux hommes et femmes d’affaires de la diaspora au cours de la conférence cette année.

Bon ! La réalité est que les transferts de la diaspora représentent plus de 25% de notre PIB. Ce serait bien de mettre en évidence des manières de mieux canaliser cet argent qui va directement en support au commerce informel et grandement à la consommation. Or le consommateur haïtien consomme malheureusement plus de produits importés que locaux. On consomme des produits de la République Dominicaine et d’ailleurs. Et ce n’est pas bon pour notre économie. Nous devons formaliser tout cela.

 

P.A : D’accord. Et quels seraient, selon vous, les secteurs les plus porteurs et les plus viables pour investir en Haïti, considération faite aux derniers grands investissements et à la reconstruction ?

Mme Labrousse : Nous autres, on pense que c’est : l’agriculture, le tourisme et la construction. Ce sont d’ailleurs les trois secteurs que nous avons choisis pour le panel spécial sur Haïti. En effet, au troisième jour, tous les participants vont se concentrer sur notre économie. On va mettre en évidence les opportunités, présenter ce qui se passe dans notre marché et faire des recommandations aux investisseurs, surtout ceux de la diaspora.

 

P.A : Pour ce panel spécial sur Haïti, le troisième jour, est-ce que l’Etat Haïtien sera présent ? Serait-ce un panel public-privé ?

Mme Labrousse : Bon, l’Etat participe, premièrement, à travers le Président Michel Martelly qui aura à lancer officiellement l’évènement avec nous. Le Ministre Laleau aura à présenter notre marché au cours d’une conférence, le lundi  15 Juin. Au troisième jour, le panel se focalisera sur le thème : « Faire des affaires en Haïti », avec le support du Centre de Facilitation des Investissements (CFI). Le CFI aura à faire une présentation sur les opportunités qu’offre notre marché.

 

P.A : D’accord. Vous avez parlé de trois secteurs-clés en Haïti : agriculture, tourisme et construction. Mais, pour relancer la production agroindustrielle, développer le tourisme et même pour la construction, on a besoin inévitablement d’énergie. Ne comptez-vous pas mettre un minimum d’accent sur la problématique de l’investissement en Energie en Haïti au cours du panel spécial ?

Mme Labrousse : En réalité, il y a beaucoup d’opportunités, beaucoup de domaines dans lesquels on devrait stimuler l’investissement en Haïti. Mais, on a dû choisir trois thèmes et l’énergie, bien que très importante, ne fait malheureusement pas parti de ceux-ci. Ça ne veut pas dire que ce n’est pas prioritaire ni urgent. Vous comprenez ?

 

P.A : Parfaitement madame Labrousse. Et quelles sont les personnalités de renom que vous attendez à cette édition ?

Mme Labrousse : Cette année, on pourra compter sur la présence de personnalités diverses comme Son Excellence Michel Martelly, le Ministre Laleau, l’ancien président de la Bolivie, monsieur Jorge QUIROGA. Monsieur Quiroga est d’ailleurs quelqu’un qui connait, non seulement le marché haïtien, mais aussi les marchés de l’Amérique Latine et de la Caraïbe. Il sait très bien comment les stimuler.

 

P.A : Auriez-vous un dernier mot à l’endroit des investisseurs haïtiens de la diaspora, des grandes villes d’Haïti et de ses provinces ?

Mme Labrousse : Oui ! L’activité aura lieu à Port-au-Prince mais ce n’est pas une conférence uniquement pour Port-au-Prince. C’est pour tout le pays et tous les investisseurs. On souhaite bien que tous les entrepreneurs, les hommes et femmes d’affaires à travers les pays et la diaspora vont y participer. On travaille avec toutes les chambres de commerce dans tous les départements. Ils sont au courant et on travaille ensemble pour nous assurer qu’il y aura des aspects qui intéresseront tout le monde.

On a aussi pensé aux provinces en incluant des tournées touristiques. Le week-end d’avant, on aura une journée au Cap-Haïtien pour visiter la Citadelle et le Palais Sans-Souci, et une autre journée aux côtes des Arcadins. Ce sera vraiment pour tout le pays. On souhaite que tout le monde puisse venir y participer.

Toutes les informations sont disponibles sur notre site d’internet : www.amchamhaiti.com. Nous avons aussi une page de Facebook et des comptes de Twitter, Instagram, entre autres. Toutes les informations y sont disponibles. Venez participer. On doit réaliser ensemble une belle conférence. Merci !