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Agro-industrie en Haïti : état des lieux et opportunités

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Photo: Kendra Helmer, USAID

Ce mercredi 17 Juin, la conférence « Business Future of Americas 2015 » a été le siège d’un forum spécial autour du thème « Faire des affaires en Haïti ». Plusieurs intervenants ont pu, tour à tour, présenter le marché haïtien et ses opportunités, essayant d’inciter non seulement la diaspora haïtienne mais aussi d’autres membres des Chambres de commerce américaines de la région, à venir investir dans le pays, dans les secteurs porteurs comme le tourisme et l’agro-industrie.

Ainsi donc, se sont présentées sur le podium des personnalités tels que Kesner Pharel du Groupe Croissance S.A ;  Maarten Boute, PDG de la Digicel ; Peter Antinorph, General Manager de l’Hôtel Marriott de Port-au-Prince, Mme Stéphanie Balmir Villedrouin, Ministre du Tourisme et M. Fritzner Dorcin, Secrétaire d’Etat à la Production Agricole. Ce dernier a présenté le secteur agricole, ses faiblesses et les opportunités d’affaires qui y existent.

Monsieur Dorcin a souligné qu’Haïti est un pays à fort potentiel agricole. Et pour preuve, 20% du territoire national est composé de plaines abondantes en eau, et le reste est un ensemble de pentes permettant la culture de divers produits en toute saison.

Le secteur agricole représente 25% du PIB d’Haïti, malgré les problèmes qu’il connait depuis la fin des années 70. Aujourd’hui, on compte près d’1.5 millions d’exploitations agricoles. De plus, Haïti dispose de plus de 150 mille hectares de terres cultivables et moins de 90 mille sont irrigués. Seulement 9% des ressources en eau disponibles sont utilisés par le secteur agricole.

L’agriculture haïtienne, sujette à des difficultés diverses, allant des méthodes de production archaïques aux intempéries naturelles, ne couvre que 45% des besoins alimentaires de la population. Nous faisons référence à une production saisonnière alors que le pays voisin produit en permanence la grande majorité de nos produits catalogués.

La production agricole n’est malheureusement pas orientée sur une base d’économie de marché. Jusqu’à présent, on parle de production de subsistance. Les problèmes fonciers datant de plusieurs générations persistent et seulement 37% de la population active est employée dans le secteur qui devrait être la première source d’emplois du pays.

En 2011, souligne monsieur Dorcin, le gouvernement a défini une feuille de route pour le secteur agricole qui consiste en gros à rendre le secteur plus performant, plus rentable, plus moderne, plus écologique et mieux articulé.  Le gouvernement souhaite aussi formaliser le statut légal du « producteur agricole ». Ce dernier point doit grandement contribuer au renforcement de l’accès au financement.

Six zones cibles sont définies dans ce document : l’Artibonite, le Centre, le Nord, le Nord-Est, le Sud et la Grand’Anse, chacune avec une potentialité particulière. Et le Ministère de l’Agriculture regroupe en 3 grandes catégories les opportunités présentes dans ces zones:

 

Catégorie I : les opportunités en production animale

  • Les œufs : La demande est de 400 millions d’œufs par an, pour un montant avoisinant les 90 millions de dollars annuels. Grâce aux efforts du ministère ces trois dernières années, Haïti arrive à satisfaire 50% de la demande. Le reste provient essentiellement de la République Dominicaine.
  • Les poulets de chair : La demande annuelle frôle les 100 millions de dollars. Haïti en importe à peu près les 70%.
  • Les produits laitiers : Haïti importe plus de 90 mille tonnes métriques (TM) par année. Soit plus de 90% de la demande.
  • Les fruits de mer : Avec les infrastructures hôtelières qui se construisent dans le pays, la demande en fruits de mer augmente. Déjà, Haïti en exporte une quantité assez considérable et la consommation locale est stable.

Catégorie II : les opportunités en production végétale

  • La banane : La production actuelle est de 300 mille tonnes métriques alors que la demande annuelle est de 700 mille TM.
  • La canne-à-sucre : Haïti qui était un grand producteur de canne-à-sucre, doit importer actuellement près de 150 mille tonnes de sucre par année. Alors que le climat et l’espace naturel sont propices pour une production pouvant non seulement satisfaire la demande locale mais aussi favoriser l’exportation d’un excédent de plus de 200%.
  • Le café et le Cacao : Bien qu’Haïti jouisse de la renommée de détentrice du meilleur café et du meilleur cacao au monde, nous n’exportons que pour 6 millions de dollars de produits l’an et plus de 70% des produits sont perdus à cause de mauvais traitement.
  • Les céréales de base : surtout le riz et le petit mil. La production rizicole dans l’Artibonite et dans d’autres zones, si elle est bien équipée et modernisée, pourrait alimenter la Caraïbe chaque année. Le petit mil est déjà très demandé depuis l’arrivée de la Heineken en Haïti.
  • Les fruits : principalement la mangue qu’Haïti exporte déjà, la noix de coco etc.

Catégorie III : autres opportunités

  • Les intrants agricoles : Haïti n’en produit pas actuellement, alors que chaque année, on utilise plus de 50 mille tonnes métriques, et la prévision pour les 5 prochaines années se chiffre à plus de 150 mille TM/an.
  • Le matériel de production agricole : Il existe très peu de fournisseurs locaux en matériel devant servir à la production agricole. Si le pays veut moderniser son agriculture, il doit commencer par utiliser le matériel adéquat et remplacer au fur et à mesure les outils archaïques. Ainsi donc, un marché se définit.
  • Le conditionnement et le transport de produits : La grande majorité des produits gaspillés dans le secteur agricole est dûe à l’absence de conditionnement et de transport adéquat. Haïti invite donc tout investisseur intéressé par ce secteur à contacter le Ministère de l’Agriculture qui dispose de plans d’affaires déjà prêts.

Monsieur Dorcin a fini son intervention avec une présentation sommaire de quelques résultats obtenus par le ministère de l’Agriculture ces trois dernières années. Pour 2015, le ministère, dit-il, s’attend à la réalisation de 36 projets d’investissement privés pour une bagatelle de 680 millions de dollars. Alors qu’en 2013, seulement 33 millions de dollars ont été investis par le secteur privé dans l’agriculture.

La conférence «Business Future of Americas 2015 », qui s’est tenue à l’Hôtel Marriott de Port-au-Prince, du 15 au 17 Juin dernier, a offert, une fois de plus , la possibilité à Haïti de se vendre à de potentiels investisseurs étrangers et de la diaspora. L’accent a été fortement mis sur les secteurs du tourisme et de l’agro-industrie lors du forum spécial qui traitait de comment « Faire des Affaires en Haïti ». Maintenant, il reste à souhaiter que de tous ceux qui applaudissaient les intervenants, une partie revienne investir dans le pays et contribue à la création d’emplois.