Selon la Banque Mondiale, en 2014 deux personnes sur dix n’avaient pas accès à l’électricité dans le monde. En Afrique, deux personnes sur trois n’ont pas accès à l’électricité selon l’organisation Africa Progress Channel (APC). La grande perte d’énergie causée par des systèmes inefficaces aggravent les conditions de mise en place: au Togo, par exemple, la perte a atteint 73% de la production en 2014.
Cette inefficacité coûte environ 2% à 4% au PIB africain par an, en sachant qu’elle a produit 8,1% de l’énergie mondiale en 2015 (13 millions GW) selon l’Agence International de l’Énergie (IEA). Les tarifs dans la région subsaharienne, la plus déficiente de toutes, sont environs deux fois plus élevés que dans les autres pays en développement.
De ce fait le microgrid, un petit réseau de générateurs qui peut fournir de l’électricité aux communautés et industries locales et aussi améliorer la distribution d’énergie aux localités instables ou en manque d’énergie, devient une alternative des plus économiques.
“C’est un moyen approprié d’alimentation en énergie des zones reculées à faible densité, qui consomment peu. Les coûts de déploiement sont inférieurs à ceux qui seraient engagés avec un réseau classique”, dit M. Paulo Cesar Cunha, consultant d’énergie chez Fundação Getúlio Vargas (FGV), une des principales institutions d’enseignement au Brésil.
Microgrid : une solution, mais pas un miracle
L’Afrique subsaharienne, avec une capacité totale de 90 GW (ce qui représente la moitié de la production d’Afrique du Sud) et environ 130 générateurs d’énergie indépendants, consomme moins d’énergie que l’Espagne ; et c’est la seule région où le nombre de personnes sans accès à l’énergie va augmenter de 45 million, dit l’APC.
Selon l’organisation, même avec le potentiel des sources d’énergie renouvelables, la région n’a aucune chance d’atteindre l’accès universel à l’électricité avant 2030 en suivant les termes fixés par la communauté internationale ; ce qui rend les microgrids nécessaires.
« L’avantage des microgrids est l’usage de ressources renouvelables pour générer de l’énergie, sa haute fiabilité est le fait qu’ils ne coûtent pas cher”, dit M. Fabien Nicolas, le Chef de Ventes Techniques de microgrids chez Siemens, une des principales entreprises dans le secteur. Aussi, le microgrid, quand il est connecté aux grands réseaux, aide “énormément” contre la perte d’énergie, explique-t-il par téléphone de Munich.
Cependant, M. Nicolas explique que ce ne sont pas nécessairement tous les systèmes qui doivent se connecter au réseau. “Ça dépend, les distances en Afrique sont gigantesques, donc c’est très difficile de connecter un pays entier et ses petites communautés au réseau”. D’après M. Cunha, les “off-grids [non-connectés au réseau] sont une meilleure alternative pour les régions éloignées et peu peuplées”.
De plus, les énergies renouvelables demandent d’énormes dépenses de capital à l’installation – ce qui peut effrayer les pays d’Afrique subsaharienne – mais son coût diminue au fil des ans. Par contre, les électrogènes diesel demandent un faible investissement mais le prix de l’énergie s’élève au fur et à mesure, d’après M. Nicolas.
Lorsqu’il s’agit d’importance de la stabilité énergétique, il faut aussi rappeler que le microgrid a besoin de batteries et des générateurs, et le soleil malheureusement “ne peut pas faire tout le travail tout seul”, regrette-t-il.
L’avenir : potentiel et obstacles
Les énergies renouvelables ont le support de l’Africa Renewable Energy Initiative – mesure de la conférence COP21 à Paris pour l’augmentation de l’utilisation des énergies renouvelables d’au moins 10 GW d’ici 2020 et faire que le continent ait le potentiel de générer au minimum 300 GW d’ici à 2030.
En plus, le World Energy Council (WEC) a vu un “développement substantiel” des énergies renouvelables dans certains pays en 2016, tels que le Maroc, l’Afrique du Sud, l’Éthiopie, l’Algérie, l’Égypte, la Tanzanie, le Kenya et la République Démocratique du Congo.
Dans la région subsaharienne, l’investissement a atteint 1,2 milliards de dollars US entre 2010 et 2013, d’après l’APC. La situation s’est améliorée dans la région, mais les choses sont encore loin d’être parfaites.
Si les conditions actuelles ne changent pas, l’Afrique n’atteindra pas l’accès universel avant 2080, au lieu de 2030. Cependant l’APC estime que le contrat pourra être rempli seulement si l’Afrique investit 55 milliards de dollars US dans la génération d’énergie, chaque année jusqu’en 2030.
“Les principaux défis [avec les microgrids] sont le financement, le coût de l’opération et de la formation de la population pour l’utilisation des systèmes”, dit M. Cunha. Par contre, la motivation dépend des objectifs de chaque pays et de leurs problèmes, explique M. Nicolas.