Sport, croissance et développement

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Passion universelle et intemporelle, le sport se veut depuis toujours un puissant outil de rassemblement populaire. Des premiers tournois médiévaux jusqu’à la diversité des offres sportives actuelles, la pratique de l’activité physique a grandement évolué pour acquérir aujourd’hui un caractère institutionnalisé transcendant le jeu et la performance. Car, au-delà du simple divertissement, le sport agit en tant que vecteur du développement humain et pilier des valeurs progressistes. De fait, les athlètes professionnels sont en mesure de donner une résonance particulière à des causes sociales en s’engageant, notamment, dans la lutte contre le VIH ou en se joignant à des campagnes de promotion de la paix comme celle organisée par la FIFA et l’UNICEF en 2006. La capacité d’inclusion sociale, de non-discrimination et d’égalité des genres par la pratique d’activités sportives a également été reconnue par l’UNESCO à travers l’adoption de la Charte internationale de l’éducation physique, de l’activité physique et du sport en 1978, alors que les Nations Unies ont accordé au sport un rôle bien défini dans la réussite des objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD).

Pourtant, force est d’admettre que le rôle du sport en tant que vecteur du développement dépend surtout de son encadrement par les autorités nationales et régionales. Des structures institutionnalisées comme l’Association sportive panaméricaine ou TAFISA Africa permettent de vassaliser l’utilisation du sport au service du développement. Mais, faute de moyens, ce type d’organisation est confronté à l’absence de financement ou au manque de représentation dans plusieurs sous-régions ; sans organisation efficace et capable d’orienter la pratique d’activités sportives au service du développement, le sport se retrouve ainsi cantonné dans son rôle de divertissement.

D’un autre côté, les grands évènements sportifs comme les Jeux olympiques ou la Coupe du Monde de Football ont un potentiel de croissance économique considérable. L’attrait touristique associé à ces rassemblements bénéficie à l’économie locale, alors que la large couverture médiatique qui en découle accorde une visibilité majeure au pays hôte sur la scène internationale. Par exemple, l’Afrique du Sud a connu un boom touristique l’année de la Coupe du Monde de 2010 qui perdure encore aujourd’hui. En plus de créer des centaines d’emplois, la tenue d’évènements de cette ampleur catalyse la construction d’infrastructures permettant l’amélioration des services aux citoyens et du développement durable. En effet, l’accès au transport public de grande capacité à Rio de Janeiro a augmenté de 18 à 65% en 2009 dans le cadre de la préparation des Jeux de 2016.

Toutefois, il reste que les infrastructures sportives sont souvent bâties à l’extérieur des zones résidentielles, faisant persister le risque qu’elles tombent en désuétude comme à Sotchi, où les Jeux d’hiver de 2014 ont peuplé la ville d’éléphants blancs qui polluent aujourd’hui le paysage balnéaire. Par ailleurs, les budgets titanesques engagés dans l’organisation d’évènements sportifs de haut calibre demandent l’application d’un exercice de transparence rigoureux, surtout si l’on considère les scandales de corruption entourant l’attribution des Jeux de Rio et de Salt Like City. En outre, l’organisation de grands rassemblements sportifs présente un risque réel de déficit et de dépassement important du budget initial. Les Jeux de Montréal de 1976 ont connu un dépassement de coûts record de 720%, alors que les 9 milliards d’euros engagés dans l’organisation des Jeux d’Athènes de 2004 ne sont pas étrangers à l’état économique actuel de la Grèce.

En dépit de son aspect ludique, le sport se veut bien plus que la simple pratique d’activités physiques. Si on peut bel et bien établir un lien entre le sport, la croissance et le développement, il reste que ce dernier est très ténu et qu’il doit être considéré dans la globalité de son expression. Il s’agit en effet d’une association teintée de gris demandant une analyse multifactorielle considérant les retombées sociales et économiques au même titre que le pouvoir politique et organisationnel en charge de l’expression des activités sportives de tous les niveaux.