Hugh Locke, co-fondateur et Président de Smallholders Farmes Alliance, une ONG basé à Gonaives dont le but est d’aider les agriculteurs en Haiti afin de restaurer la couverture forestière et accroitre la production alimentaire, rappelle l’urgence de poser des actions pour combattre la crise alimentaire en Haïti suite au rapport des Nations Unies publié la semaine précédente faisant savoir que 1.5 millions d’haïtiens – en majeur partie, des agriculteurs et leur famille – risquent de souffrir de malnutrition. Cette situation trouverait son origine dans les inondations provoquées par la tempête tropicale Isaac et l’ouragan Sandy qui auraient ravagé 40 à 90% des récoltes du pays selon la région.
Selon ses recherches, on compterait environ 600.000 fermes en Haïti, et 97% d’entre elles seraient des petites fermes d’une superficie moyenne de moins de 4 hectares de terre. Quatre éléments particuliers expliqueraient cette insécurité alimentaire, une situation qui pourrait empirer dans les mois à venir, avance Hugh Locke.
La déforestation : Haiti est un pays montagneux avec une couverture végétale de moins de 2%. A cause de l’absence d’arbres, les pluies averses entrainent des inondations dans la quasi-totalité des terres arables dans les vallées en contrebas.
La marginalisation des agriculteurs : L’agriculture représente aujourd’hui 50 pour cent de l’emploi total et un quart de l’économie nationale, mais les petits agriculteurs n’ont pas eu accès à la recherche scientifique ou de nouvelles techniques pour améliorer les pratiques agricoles depuis plus de 50 ans.
La dépendance à l’égard des importations alimentaires : Il ya trente ans, les agriculteurs d’Haïti produisait de la nourriture pour presque tout le pays. Aujourd’hui, Haïti utilise une moyenne de 80% de ses recettes d’exportation pour importer 52% de sa nourriture, avec un supplément de 6% l’aide alimentaire. Résultat: le revenu agricole domestique a chuté de façon spectaculaire au cours de cette période.
La dépendance à l’aide : L’aide étrangère, qu’il s’agisse de gouvernements étrangers ou d’ONG, est un système cassé. La bureaucratie, l’inefficacité et le manque de coordination au niveau national a donné lieu à seulement 15 à 25% de l’aide étrangère destiné à aider les Haïtiens. De plus, la plupart des programmes qui reçoivent un soutien financier ne durent que pendant la durée du financement, en particulier les programmes agricoles. Lorsque que le financement s’arrête, ils disparaissent souvent, sans créer d’effet durable.
La plupart des agriculteurs n’ont pas d’économies, pas d’accès au crédit et aux systèmes de soutiens. Ils commencent à économiser de l’argent en prenant leurs enfants de l’école. Ensuite, ils vendent leur bétail, souvent à bas prix parce que les autres font la même chose. Puis, ils commencent à abattre des arbres pour faire du charbon et le vendre dans les villes, ce qui expose davantage leurs cultures aux inondations. D’après Hugh Locke, c’est un véritable cercle vicieux qui peut être brisé avec l’élaboration d’un système de coopératives agricoles.