Depuis certains temps, quand il faut faire référence à la stabilité économique en Europe, parmi les nombreux pays du G20, on ne pense qu’à l’Allemagne. Et quand il faut pointer du doigt un pays endetté, si ce n’est pas la Grèce ou le Chypre, on se retourne volontiers vers l’Espagne.
Le contraste s’inverse pourtant quand il s’agit de football. Le Real Madrid et le FC Barcelone sont incontestablement les clubs les plus puissants « économiquement » du monde, suivi de près par Manchester United. Ils font les plus grosses acquisitions de joueurs depuis toute l’histoire du foot et ne lésinent pas sur les dépenses comme leurs collègues allemands, plus austères, qui font plutôt les plus belles ventes. N’est-ce pas Dortmund qui avait vendu à Manchester United le fameux Shinji Kagawa le 22 Juin 2012 pour 60 fois sa valeur ?
La double confrontation Allemagne-Espagne dans ces deux matchs n’est pas qu’une opposition de styles de football mais aussi de modèles économiques. Austérité contre endettement. Et hier, l’Allemagne qui s’impose sur l’Europe par son style économique, s’est imposé aussi sur le terrain du foot (figurée par le Bayern), de fort belle manière (4-0) face à « la meilleure équipe du monde » (Barça).
Pour les allemands, la joie du foot peut être acquise à meilleur prix !
En effet, les deux clubs allemands ont adopté depuis longtemps une gestion prudente de leur capital et effectuent des recrutements au juste prix. Le transfert le plus cher de l’histoire de la Bundesliga a été celui du milieu espagnol Javi Martinez, arrivé au Bayern l’été dernier, pour 40 millions d’euros. Et le Bayern ne s’est pas arrêté là ! Il a débauché l’attaquant de Dortmund, Mario Götze, pour une somme qui atteindrait 37 millions d’euros. Alors qu’en Espagne, malgré la crise économique qi soulève des manifestations, c’est le Réal qui a fait l’acquisition la plus coûteuse : 94 millions d’euros pour arracher Cristiano Ronaldo à Manchester United.
Le Bayern est la référence européenne en matière économique. Il dispose d’un matelas financier dépassant les 130 millions d’euros. Quant à Dortmund, c’est toute une autre politique, plus subtile mais efficace ! Le club qui a frôlé la faillite il y a quelques années, s’est fait une spécialité des recrutements malins et des reventes à prix d’or.
Pour les espagnols, Messi et Ronaldo valent toutes les richesses du monde !
Selon le journal El Pais, Les clubs professionnels espagnols cumulent une dette totale de 3,6 milliards d’euros, dont quelque 700 millions vis-à-vis du fisc. Paradoxalement, la dette totale cumulée des 36 clubs de Bundesliga (Divisions 1 et 2) n’atteint pas 750 millions d’euros.Dans ce lot de dette espagnole, on retrouve 124,7 millions d’euros de dette « financière » pour le Real et 334 millions d’euros pour le Barça. Cependant, rien ne les effraie car ils profitent du système espagnol des droits TV qui est très favorable à leur duopole.
Selon l’Expansion, « le Real vient même de détrôner pour la première fois Manchester United au classement des clubs qui valent le plus au monde établi par le magazine Forbes, avec une valeur évaluée à 2,5 milliards d’euros. Le Barça n’est pas en reste avec sa 3e place et une valorisation de 2 milliards d’euros. Le Bayern est 5e (un milliard d’euros), devançant largement Dortmund, 13e (350 millions d’euros)… le Real est le premier club à avoir dépassé le cap de 500 millions, avec un revenu de 512 millions d’euros l’année dernière, devant le Barça, 483 millions. Le Bayern, n°4 mondial selon ce critère, émarge à 364 millions, tandis que Dortmund est assez largement dépassé ».
256 millions d’euros ! C’est la somme dépensée par le Réal pour la saison 2009-2010, uniquement pour faire venir Ronaldo, Kaka, Benzema et Xabi Alonso. Mais, aujourd’hui, il a compris que l’heure est à la prudence et que le modèle allemand est peut être une voie de sortie nécessaire, voire obligée, sous la menace des nouvelles exigences du fair-play financier de l’UEFA, qui a fait sa première victime (Malaga) « qui, en attendant le résultat de son appel devant le TAS en juin, est interdit de participer à sa prochaine compétition européenne », dixit l’Expansion. Le Réal tenterait alors de s’investir dans de mega projets immobiliers les moyens de consolider son modèle économique.
Quant au Barça, redevenu profitable en 2011-2012, bien qu’il affiche la bonne résolution de se désendetter, continue à réaliser des gros coups sur le marché des transferts. Heureusement qu’il peut compter sur son centre de formation, la Masia, pour fournir en talents son équipe première à moindre coûts. Mais jusqu’à quelles limites ? Pourra-t-elle puiser des talents assez « capables » de remplacer Puyols et Xavi à la Masia ? Ne devra-t-elle pas aller puiser ailleurs un bon attaquant de pointe et à quel prix ? En attendant, le président du Barça, Sandro Rosell a fait de la réduction de la dette un thème de campagne pour être réélu en 2016, voulant la ramener aux alentours de 200 millions d’euros à la fin de son mandat.