La face cachée de l’entrepreneuriat

4 mins read

Vu de l’extérieur, l’entrepreneuriat se présente comme un conte de fées dans les films de Disney, voire l’agréable delirium tremens d’un alcoolique. Dans le fond, l’entrepreneuriat reste aussi voilé que la face cachée de la lune. Rare sont ceux qui ont vécu une aventure entrepreneuriale et peuvent témoigner de ses péripéties. Malgré qu’on en parle, la réalité demeure secrète. Avant de créer sa propre entreprise, il est bon au préalable de savoir sur quel chemin on va s’aventurer.

Créer une entreprise, c’est embrasser la solitude

On ne le mentionne presque pas mais se lancer en affaires est une aventure solitaire. Elle requiert toute votre attention, exige du temps et s’accapare de vos réflexions. Vous vous trouvez alors dans un cocon où très peu de personnes arrivent à vous rejoindre. Vos employés peuvent discuter entre eux à l’heure de la pause sur le même sujet ; comme se plaindre, par exemple, des problèmes de management dans l’entreprise. Cependant, lorsque vous prenez votre déjeuner à la même heure comme tous les autres, vous ne trouverez personne pour partager vos plaintes.

A ce moment, vous vous dirigerez vers un être cher qui saura comprendre ce que vous faites ou quelques amis en qui vous confier. Mais là encore, il faudrait que la chance place ces personnes autours de vous. Peu de gens sont aussi chanceux. Cela laisse la plupart des entrepreneurs sans personne à qui parler au travail et à qui se confier à la maison. Compte tenu de l’incroyable degré d’émotion personnelle investi dans la création d’une entreprise, se sentir isolé est une sensation amère lorsque le moment vient de faire face à des situations difficiles.

Un entrepreneur est criblé de doutes

L’entrepreneur au stade zéro, c’est-à-dire à la création de sa première entreprise, affiche généralement deux courants de pensée. D’un côté, il n’a aucune certitude si l’entreprise va prospérer et vit avec ce stress puis d’un autre côté, il se plonge dans une phase d’aveuglement pour se rassurer que tout ira bien. L’apprenti entrepreneur ne possède pas de boule de cristal. Il n’a aucune idée si son entreprise va grandir et prospérer. Il faut accepter d’emblée ce sentiment d’insécurité si on veut réellement créer une entreprise. Mais pour le monde extérieur, il faut afficher cette confiance en tout temps.

Se reposer entièrement sur une entreprise dont l’avenir est criblé de doute est comme alimenter un foyer d’anxiété. Au début, il y a effectivement quelques signes positifs, soit à la signature d’un contrat avec un nouveau client ou le lancement d’un produit mais au fond, l’entrepreneur nage dans un flux constant de problèmes et de difficultés qui viennent rarement avec leurs solutions. Diriger une start-up est un fardeau lourd et épuisant.

Vous frôlez la faillite

Du sommet de la pyramide émotionnelle construite à travers la création de cette entreprise se déverse un torrent de dettes et d’obligations sans pareil. Le fondateur-directeur de l’entreprise est le dernier à être payé, et au moment où l’entreprise arrive à un point où le il peut se rémunérer, c’est généralement au prix d’extrêmes sacrifices.

On entend parfois que les fondateurs de startup arrivent à trouver un financement pour continuer leurs opérations mais qu’en est-il de la période entre les deux? Ils investissent leur argent dans une entreprise et n’ont aucune certitude que cet argent sera récupéré. Ils s’attendent à n’avoir aucun revenu pendant une longue période et doivent accepter le fait de dépenser continuellement. Créer une entreprise est une expérience financièrement brutale.

Ce sont des problèmes que personne, notamment les entrepreneurs, n’aime partager mais ils existent. Et ça a des incidences sur le moral. Parmi tous ceux qui se lancent en affaires, très peu auront de gros salaire dans les cinq, dix ou quinze ans à venir et même lorsque ca vient un peu plus tôt, ce sera au prix d’efforts considérables. Les personnes habituées à recevoir leur chèque de paie régulièrement penseront que c’est une aventure insensée, et ils n’auront pas tort.

L’échec vous hante

Dans un pays où la culture entrepreneuriale et celle du risque ne sont pas assez imprégnées dans la société, l’entrepreneur sera entouré de personne qui auront un regard pessimiste sur ses activités et dont certains tableront sur son échec. Nous avons tendance à minimiser l’échec d’une entreprise à peine créée car comme pour les accidents de voiture, cela arrive tout le temps. Pourtant, l’échec n’est pas le problème en soi. C’est l’anxiété qui le précède. Il vous rappel constamment que vous pouvez faire une erreur, perdre de l’argent, gaspiller du temps perdu et ruiner votre réputation.

Le fondateur peut se sentir prisonnier de sa création

Quand les choses vont bien, c’est génial d’être le directeur-fondateur. Mais quand le bateau coule, le capitaine doit être le dernier à quitter le navire et même courir le risque de sombrer avec lui. C’est là la réalité de tous ceux qui se donnent le pari de lancer une entreprise.

Il est rare qu’on entende parler d’un entrepreneur lançant sa première entreprise et qui décide de se chercher un emploi quelque part d’autre, abandonnant le reste du staff aux opérations et à la stratégie. Lorsque tout va de travers, le directeur-fondateur est le soldat tenant le fort quand tout le monde fuit. Les employés peuvent probablement obtenir d’autres emplois, peut-être avec un meilleur salaire. Mais le nom du fondateur reste sur le loyer du local pendant un an alors que le retour sur ses investissements n’atteint même pas zéro. Savoir que vous avez tissé des liens qui ne peuvent pas être facilement brisés pèse sur vous en permanence.

Ces conversations doivent avoir lieu

Entre entrepreneur, il est toujours plus facile de parler de sujets liés aux opérations d’une entreprise tels que la signature de contrats avec de nouveaux clients ou des stratégies de développement de l’entreprise. Lorsqu’on souligne l’échec ou les difficultés rencontrées, il devient plus difficile de dévoiler ses sentiments personnels.

Mais à bien des égards, ces sentiments personnels constituent la pierre angulaire de l’exécution d’une entreprise. Bien souvent, on croit lutter avec des problèmes techniques mais en réalité, nous luttons avec des conflits émotionnels. Et parfois, savoir qu’on n’est pas la seule personne au prise avec l’angoisse de l’échec et du doute donne plus de courage pour aller de l’avant.