Haïti: Les médias sociaux sont devenues un élément crucial dans la façon dont nous interagissons avec nos clients, nos amis, et avec notre communauté. Ils constituent un outil d’échanges et de transparence incontournable. Les gouvernements partout à travers le monde, prenant une sérieuse connaissance de leur importance, les incorporent de plus en plus dans leurs activités de tous les jours.
Dans un pays où le taux de pénétration de l’internet est de 11% et avec un taux d’alphabétisation de 52.9%. On se demande bien quel est le poids des medias sociaux en Haïti, et pourquoi le gouvernement haïtien devrait leur accorder une place dans sa politique de communication et de transparence ?
Prenons l’exemple de Facebook qui représente le media avec le plus fort taux de croissance en Haïti, et qui pendant ces 6 derniers mois a cru de 42% chez les internautes haïtiens. Selon Social Bakers, une compagnie spécialisée dans la collecte de données sur les medias sociaux, il y aurait 368,400 internautes haïtiens sur Facebook, faisant de ce site le deuxième plus grands média, après Radio et Télé Caraïbe.
La caractéristique principale qui différencie les media sociaux, des medias traditionnels, c’est la mobilité qu’elles confièrent aux utilisateurs. Ainsi un président peut dorénavant interagir sans intermédiaires avec ses concitoyens pendant qu’il est en déplacement ou en voyage à l’étranger.
Le concept de l’e-transparence 1.0 a pris naissance avec l’arrivée de l’internet. Les démocraties occidentales soucieuses de plus de transparence et d’obligation de rendre compte, se sont principalement concentrées sur l’accessibilité des rapports publics concernant les données financières et les résultats des programmes. De 1994 à nos jours, les gouvernements locaux et fédéraux des pays occidentaux disposent, pour la plupart, de plateforme informatique accessible au grand public permettant la transmission d’informations pertinentes.
Mais l’idée de transparence au sein du gouvernement a évolué, les medias sociaux ont poussé les responsables publics occidentaux à mettre l’accent sur l’aspect participatif, d’où l’émergence du concept de l’e-transparence 2.0.
Ce changement d’orientation de la transparence est devenu évident avec l’élection du président Américain, Barack Obama, puisqu’il a basé une grande partie de sa campagne sur les medias sociaux, et parce qu’il a publiée deux jours après son investiture un Memo qui précise l’orientation de son gouvernement sur la question de transparence. Selon ce memo un gouvernement doit être transparent, participatif et collaboratif.
« La participation du public améliore l’efficacité du gouvernement et la qualité de ses décisions» poursuit le memo.
Suivant l’exemple d’Obama, l’équipe du président Michel Joseph Martelly, pendant la campagne et après l’investiture, ont mis un grand accent sur l’utilisation des medias sociaux. Les déplacements du président, du premier ministre, et de certains ministres sont publiés sur les medias sociaux avant même d’être transmis à la presse traditionnelle.
Un an après son investiture, la page Facebook du président Martelly dispose de près de 74,806 fans soit une croissance annuel de 70%.
« Chaque ministère doit être doté d’un site internet et avoir une présence constante sur les réseaux sociaux afin de diriger en toute transparence et informer la population des actions en cours », a recommandé le Premier ministre, Laurent Lamothe lors de son installation, le 17 Mai 2012.
Selon Paul Macmillan, leader de la pratique du secteur public au canada, «L’avènement d’Internet et des nouvelles technologies facilitent grandement l’échange d’information et l’intégration de données à des services offrant de la valeur aux citoyens. Ce n’est pas la technologie qui présente un défi, mais l’adoption d’une culture plus ouverte.»
« L’utilisation des medias sociaux ne rend pas le gouvernement Martelly plus ouvert, c’est la pertinence des informations échangé qui détermine le degré de transparence de l’équipe Martelly. Avec une mauvaise utilisation, les medias sociaux peuvent devenir un outil de propagandes qui nuirait au développement de la démocratie » affirme, Ingrid Degand, spécialiste en communication d’entreprise.
Les budgets, les critères de nominations et la performance des programmes gouvernementaux, ne sont pas disponible sur le site de la présidence, du premier ministre. Seul le site du ministère des finances publie des informations financières cependant la compréhension de ces informations n’est pas évidente.
Les arguments classiques en faveur de la transparence au sein du gouvernement sont fondés sur trois principes :
D’abord, le public a le droit d’être informé. Les fonctionnaires nommés ou élus sont responsables devant leurs électeurs. Cette responsabilité est impossible sans la transparence. De plus, un bon gouvernement exige de la confiance, entre les gouvernants et les gouvernés, qui ne peut survenir que si cette notion de responsabilisation existe. La participation efficace des citoyens dans une démocratie n’est possible que si les citoyens sont suffisamment instruits pour prendre de bonnes décisions. L’éducation et l’information à la fois entraînent la transparence.
L’existence d’un gouvernement transparent en Haïti va au delà de l’utilisation de la technologie, elle exige l’application de politiques publiques transversales qui ont pour objectifs: une réduction de la fracture numérique, une augmentation du niveau de formation des gouvernés et une meilleure participation des universités dans l’élaboration des programmes gouvernementaux.